Poèmes et textes, semaine 1

Le deuil des Névons (extrait) , René Char

Pour un violon, une flûte et un écho

Un pas de jeune fille

A caressé l’allée,

A traversé la grille.

Dans le parc des Névons

Les sauterelles dorment.

Gelée blanche et grêlons

Introduisent l’automne.

C’est le vent qui décide

Si les feuilles seront

A terre avant les nids.

Dans le parc, Albert Samain, in Le Chariot d’or, rêvons à demain

Dans le parc aux lointains voilés de brume, sous

Les grands arbres d’où tombe avec un bruit très doux

L’adieu des feuilles d’or parmi la solitude,

Sous le ciel pâlissant comme de lassitude,

Nous irons, si tu veux, jusqu’au soir, à pas lents,

Bercer l’été qui meurt dans nos coeurs indolents.

Nous marcherons parmi les muettes allées ;

Et cet amer parfum qu’ont les herbes foulées,

Et ce silence, et ce grand charme langoureux

Que verse en nous l’automne exquis et douloureux

Et qui sort des jardins, des bois, des eaux, des arbres

Et des parterres nus où grelottent les marbres,

Baignera doucement notre âme tout un jour,

Comme un mouchoir ancien qui sent encor l’amour.

texte de Yves Tissot

Traverser la ville à bicyclette pour quelques emplettes.

Miracle, un parc qui vit. Des garçons se balancent, des parents sur les bancs. Les arbres tombés ont disparu comme envolés. Restent les souches qui, en silence, blessent le regard qui fuit vers le Lycée, perdu. Qu’aurait écrit Blaise Cendrars, l’homme à la main coupée.

Au retour, le long de la rue des Tourelles, les grues font une étape avant de migrer vers leurs hangars.

Il est 23 heures, des pétards perdus brisent la noirceur de la nuit.

Haiku de Yves Tissot

arbres écimés
les enfants n’y joueront plus
sur les bancs silence

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