Midi, ça tape. Rouler aux alentours du lycée jusqu’aux Endroits laisse encore pantois. Balade aux Maillards, que de sapins sont secs, il faut être une pieuvre pour les compter. Les souches prennent toujours de l’âge.
Un poème d’Yves Bonnefoy :
Hier, l’inachevable
Qui nous appellent
Dans la fraîcheur des prés.
Où de l’eau brille.
Nous en voyons errer
Au faîte des arbres
Comme cherche le rêve, dans nos sommeils,
Son autre terre.
Ils vont, leurs mains sont pleines
D’une poussière d’or,
Ils entrouvrent leurs mains
Et la nuit tombe.
Dans les saisons en marche
Dans les saisons en marche
nous mûrissons des légendes
nous enfonçant dans les sentiers
nous devenons mémoire d’arbres
et nos rêves comme des oiseaux
battent des ailes au-dessus des fougères.
(Jean Paul Schneider)
Le temps des cépées
Un jour, la furie qui s’abattit sur la ville
A meurtri les arbres et les cœurs.
Alors, a débuté le temps du deuil
Et celui de la perte ne fut pas vétille.
Les tuiles et les gravats furent ôtés
Nombreux champs furent nettoyés.
Le mot solidarité fut partagé
Plus légère fut l’adversité.
Les pavots, les gaillets, les épervières
Rappellent que la vie, certes, éphémère
S’accroche, jamais ne décroche,
Même si le vivant a reçu une belle taloche
Les sitelles cherchèrent des troncs verticaux,
Les fauvettes, les rouges-queues et les moineaux
Trouvèrent leur pitance dans ce bois mort
Révélant leur coté trompe-la-mort
Et des souches blessées ou coupées
De partout nous voyons les cépées
Témoin d’une force, d’une énergie vitale.
Vraiment, le vivant n’est pas bancal !
Le jaillissement de nouvelles pousses
Ne nous fait pas oublier que les arbres écimés
Témoignent de l’humain étêté (décérébré ?)
Qui, chaque jour, la Nature éclabousse !
Jean-Jacques Tritten, 2 septembre 2023