Poèmes et textes 8

La semaine s’égoutte et la rivière de sous coule encore. Le projet de convention est à bout touchant. Le silence nous inspire aussi comme ce petit poème :

le lent attelage des jours

quand nous rêvons d’une légèreté de troïka

d’un bateau aux voiles blanches

caravelle pour traverser nos songes

nous voulons un feu pour nous réchauffer

des arbres pour se glisser sous les branches et

grimacer aux éclats du soleil

nous cherchons une innocence une lueur

qui jamais ne nous

abandonne.

(Gaëlle Josse)

Grisaille, il pleut ce matin. Point de pruneaux aujourd’hui mais un poème du cru (Yves Tissot) :

Les sapins ont séché,

lentement,

en silence.

Sous la pluie, ils sèchent solitaires,

en ligne, en groupes, alanguis,

et tatouent les forêts alentour,

blessures obscènes,

saignées grises.

Au loin le pâturage verdit

et, dispersées, les vaches indolentes

ruminent, débonnaires.

Voici venu le temps des balades au coeur des forêts qui exhalent leurs parfums d’automne. Les sapins vénérables attendent les enfants pour peupler leurs mémoires car le sec saisit le vif.

Et un poème pour la route :

Mes forêts sont de longues traînées de temps

elles sont des aiguilles qui percent la terre

déchirent le ciel

avec des étoiles qui tombent

comme une histoire d’orage

elles glissent dans l’heure bleue

un rayon vif de souvenirs

l’humus de chaque vie où se pose

légère une aile

qui va au coeur

mes forêts sont des greniers peuplés de fantômes

elles sont les mâts de voyages immobiles

un jardin de vent où se cognent les fruits

d’une saison déjà passée

qui s’en retourne vers demain

mes forêts sont des espoirs debout

un feu de brindilles

et de mots que les ombres font craquer

dans le reflet figé de la pluie

mes forêts

sont des nuits très hautes

(Mes Forêts, Hélène Dorion)

Grands pins du matin

Olives bientôt tombées

Un coq chante au loin

D. Musy

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