La semaine s’égoutte et la rivière de sous coule encore. Le projet de convention est à bout touchant. Le silence nous inspire aussi comme ce petit poème :
le lent attelage des jours
quand nous rêvons d’une légèreté de troïka
d’un bateau aux voiles blanches
caravelle pour traverser nos songes
nous voulons un feu pour nous réchauffer
des arbres pour se glisser sous les branches et
grimacer aux éclats du soleil
nous cherchons une innocence une lueur
qui jamais ne nous
abandonne.
(Gaëlle Josse)
Grisaille, il pleut ce matin. Point de pruneaux aujourd’hui mais un poème du cru (Yves Tissot) :
Les sapins ont séché,
lentement,
en silence.
Sous la pluie, ils sèchent solitaires,
en ligne, en groupes, alanguis,
et tatouent les forêts alentour,
blessures obscènes,
saignées grises.
Au loin le pâturage verdit
et, dispersées, les vaches indolentes
ruminent, débonnaires.
Voici venu le temps des balades au coeur des forêts qui exhalent leurs parfums d’automne. Les sapins vénérables attendent les enfants pour peupler leurs mémoires car le sec saisit le vif.
Et un poème pour la route :
Mes forêts sont de longues traînées de temps
elles sont des aiguilles qui percent la terre
avec des étoiles qui tombent
comme une histoire d’orage
elles glissent dans l’heure bleue
un rayon vif de souvenirs
l’humus de chaque vie où se pose
légère une aile
qui va au coeur
mes forêts sont des greniers peuplés de fantômes
elles sont les mâts de voyages immobiles
un jardin de vent où se cognent les fruits
d’une saison déjà passée
qui s’en retourne vers demain
mes forêts sont des espoirs debout
un feu de brindilles
et de mots que les ombres font craquer
dans le reflet figé de la pluie
mes forêts
sont des nuits très hautes
(Mes Forêts, Hélène Dorion)
Grands pins du matin
Olives bientôt tombées
Un coq chante au loin
D. Musy